Viol, violence... Une nécessaire redéfinition

Publié le par femme-absolue

Cet article a été rédigé en réaction avec cet article dont je vous recommande chaudement la lecture : http://sisyphe.org/spip.php?article3951. Il est long, mais approfondit bien sa réflexion, bien qu'incomplètement à mon avis.

 

Car voilà un article qui me paraît excessivement important et doit alimenter une réflexion de fond. Personnellement, à sa lecture, il m'a semblé que c'était la définition même du mot "viol" qui devait être reconsidérée.

 

Si on le met en rapport avec le mot "violence" je dirais que le viol se définit ainsi : c'est une atteinte à l'intégrité psychique d'un individu, tandis que la violence est une atteinte à son intégrité physique. Il peut donc y avoir "viol" en l'absence même de trace de violence.

 

A l'heure où l'on dénonce la manipulation mentale du pervers narcissique, ceci devrait aller avec cela dans la compréhension "du crime". Oui : on peut détruire psychologiquement, ce qui, en soi : est un crime. Et je rebondis ici en écho à la dénonciation d'une certaine approche de la sexualité propagée par la pornographie évoquée dans l'article. Cela seul, en effet, en tant que femme m'apparait être un "viol" à mon intégrité psychique.

 

Et j'aurai beau ne jamais prêter un oeil à un film pornographique, je me vois pourtant immergée dans un monde qui lui : en reluque ! Je dis bien "reluquer" car il est quasi perceptible, dans le regard de certains jeunes hommes que "déshabiller du regard" prend dorénavant un sens bien plus violent, bestial, inhumain et malsain à l'ère du tout porno.

 

C'est d'ailleurs pourquoi je vois en l'affaire DSK un événement symptomatique d'un mal devenu universel, car il reflète bien l'hostilité larvée ressentie par l'ensemble des femmes quand au "viol de leur intégrité psychique". 

 

Je ne m'étendrai d'ailleurs pas longtemps sur le mépris que la femme peut finir par en concevoir à propos de l'homme amateur de porno. Et ici, dans une société sans âme, où le matérialisme grignote peu à peu la spiritualité des individus, il est bon de se rappeler que le terme psyché, que se sont approprié les psychanalystes, veut dire à l'origine, en grec : âme !

 

Car c'est bien ici l'âme même de la féminité qui est touchée dans son intégrité via la pornographie... Or, lorsqu'on se rappelle que l'amour entre homme et femme est une affaire d'âme, précisément, tout au moins dans l'approche féminine des choses tandis que l'homme, par nature, peut-être, situe le lien d'amour davantage au plan physique, il y a là véritablement un déséquilibre qui se traduit dans les relations hommes/femmes.

 

Le fait est, comme le dit cet article, que la relation sexuelle et la sexualité est normalement relative à quelque chose de "désiré". Mais à l'heure où certains hommes dénoncent une "perte de désir" l'imputant -par erreur à mon sens- à une trop grande proximité entre hommes et femmes (peut-être dans le cadre d'amitiés, mais l'amour reste l'amour...), il me semble plutôt que cette absence de désir proviendrait de femmes peu mises en appétit par des consommateurs de pornographie. Il faut le dire, autant la virilité est attrayante pour la femme, autant si elle devient vile ou servile, elle s'avère repoussante. Nous les femmes, passions en effet sur les chansons paillardes sorties en fin de repas avinés et en joyeuses tablées. Nous savions bien que les hommes étaient des cochons, mais tant qu'il se donnaient la peine de nous le faire oublier en nous faisant la cour, en nous comblant de roses et de poèmes : tout allait bien !

 

Mais à présent que l'homme s'imagine, parce que quelques prostituées se prêtent volontiers au jeu du film pornographique, que là serait le désir de la femme... Un profond malentendu s'installe. Non, depuis longtemps, si la femme ne prétend plus avoir "mal à la tête" dès que la chose sexuelle est évoquée (parce qu'elle est dorénavant libre de choisir celui qu'elle désire, ce qui n'était pas le cas auparavant), elle s'emploie toutefois à présenter, lorsqu'elle évoque le sujet, tout le sel de l'érotisme, du fantasme qui sait rester là où il est et n'être que "piment", "imaginaire", suggestion émoustillante... La "délicatesse" féminine s'opposant de tout temps à la brutale bestialité et ceci, si le monde continue de tourner, perdurera car ainsi est la tendre nature féminine.

 

Certes, il est des femmes plus impudiques et crues, mais elles choquent les hommes comme les femmes et adorent cela la plupart du temps ! C'est un trait de caractère quelque peu pervers et provocateur, une "défense", peut-être, contre la cruauté du monde ? Allez savoir. Toujours est-il que ce n'est pas profondément "féminin" c'est un trait de caractère.

 

La relation sexuelle pose, en soi, le problème de la conciliation du "respect" lié à la relation amoureuse avec l'inévitable atteinte à ce respect que suppose la promiscuité de l'union sexuelle. Et si certaines femmes peuvent s'avérer très "lubriques" ceci ne concerne que la relation instaurée au sein du couple et doit attester d'une relation suffisamment "confiante" pour que la femme y avoue ses désirs secrets. Jusqu'à il y a peu, ceci était réservé à la sphère intime et faisait tout le charme et le mystère des relations entre hommes et femmes. A l'heure de la prostitution généralisée (par quelques uns, bien davantage soucieux de faire de l'argent que d'autre chose), nous sommes passé de la délicieuse lubricité, à l'odieuse obscénité.

 

L'âme féminine n'a donc pas besoin d'être davantage "violentée" pour parler de viol comme d'une atteinte à l'intégrité psychique de la femme. C'est quotidiennement, à notre époque, que ce viol a lieu. Car, comme le dénonce l'article, il y a en cette pornographie rampante, l'aveu, de la part du masculin d'un désir profond d'humilier la femme, le féminin. De n'y voir que le froid assouvissement d'une pulsion qui n'a plus rien de commun avec l'amour mais tout à voir avec une agression.

 

Peu de femmes seront capables de formuler le profond malaise ainsi engendré, certaines mêmes, par mimétisme stupide ou fierté mal placée, feront mine d'y prendre goût, tant il est vrai que la nature peut se dénaturer (et que là est bien le danger). Mais ne nous étonnons pas dès lors de voir les femmes manifester une agressivité inaccoutumé à l'encontre du genre masculin. Car "le viol" est bien réel en tant qu'atteinte à l'intégrité psychique, c'est à dire, l'image que renvoient les hommes aux femmes.

 

On connait la vanité et le narcissisme féminin. Il faut donc se rappeler, et tout bon séducteur le sait, que le présupposé de la femme est d'être désirée parce qu'elle est belle, désirable. L'homme, en tant que "miroir" était un faire valoir narcissique, souvenons nous que le miroir est parfois nommé aussi psyché... Mais si la femme en vient à réaliser qu'en réalité l'homme ne voit en elle qu'une proie à un désir profondément sadique de l'humilier : on conçoit qu'elle se détourne de tels hommes et les prenne sérieusement en grippe. Et, dans le cas DSK, qu'elle attaque clairement en justice tout ce qui de près ou de loin ressemble à un prédateur sexuel, et désormais non  plus un "sémillant séducteur".

 

Ceci est donc profondément dégradant pour la société toute entière car ce qui la cimente et l'articule est pourtant la bonne relation du féminin au masculin. Et j'extrapolerai au niveau de l'âme du monde, car ce "viol" en tant qu'atteinte à l'intégrité psychique concerne aussi la relation de l'homme à notre mère nature et donc à la terre dont se soucient tant les écologistes. Si l'on considère en effet la sexualité dans ce que qui rattache l'homme à sa part animale, ce qu'il y a de plus "naturel" en lui, donc, on voit que l'acte sexuel, la relation même à la sexualité qui auparavant était destinée à la procréation, à la vie, prend maintenant la voie de la destruction et de la dénaturation lorsque l'amour ne préside plus à ce lien.

 

Alors oui, cet article est important pour que l'événement DSK ne soit pas un porno de plus qu'on intitulerait "gorges chaudes" puisqu'il alimente les conversations mondaines. Non, ce n'est pas un porno de plus mais bien un événement psychique qui doit interpeller toutes les consciences... Le véritable "viol" n'a pas besoin de stigmates physiques. Il est de nature psychique et l'atteinte à l'intégrité psychique de la femme est un poison et un venin aussi sûrement destructeur que toute autre forme de pollution. Trop peu le disent et le dénoncent, mais il est évident à mes yeux que la relation que les hommes entretiennent à la terre et à la nature est du même ordre que celle qu'ils entretiennent à la féminité.

 

Que peut faire la terre contre ces multiples agressions ? Sinon un tsunamis ? Que peut faire la féminité contre ce viol permanent d'une société hypervirile au sens le plus "vile" du terme puisque avilissant pour la femme ? Rien, si ce n'est traduire en justice ce qui est l'incarnation même de ce crime. Car oui : c'est UN CRIME.

 

Apoline Delane

Publié dans A fond

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